lundi 23 octobre 2017

La Cible était Française de Lee CHILD: Jack Reacher..plus badass que jamais!

Titre en VO: Personal
Editeur: Calmann-Levy
Date de parution: 06/09/2017
Nombre de pages: 368
Resumé:

Émoi dans tous les services de sécurité du monde: un inconnu vient de tirer sur le président de la République française à Paris, et la balle est américaine. Le sniper a touché l’écran de protection à la distance phénoménale de 1 400 mètres et l’avertissement est clair : la prochaine fois, ce sera au sommet du G8. Et Dieu sait combien il y fera de victimes.
Mais qui est ce tireur d’élite ? Seuls quatre hommes sont susceptibles d’avoir accompli cet exploit, et l’un deux, John Kott, est un Américain que Jack Reacher a fait mettre en prison quinze ans plus tôt. Aujourd’hui libéré, l’homme reste introuvable. Et c’est Jack Reacher que l’armée missionne en secret pour mettre la main sur le tireur.

Entre Paris et Londres, en tandem avec une jeune analyste, Reacher va se retrouver en butte à toutes sortes d’individus des services spéciaux russes, anglais et français, sans compter des assassins serbes et autres traîtres. Sa mission n’a jamais été aussi périlleuse.




Mon avis:


Quelqu'un a tiré sur le président de la République Française à Paris avec un fusil de sniper. Qui était-ce? Et pourquoi? Voici quelques questions auxquelles Reacher devrait trouver les réponses. En combattant des hommes, les fusillant parfois, avec ses mains nues, et quelques balles. Jack Reacher est de retour!

C'est le 19ème opus de la célèbre saga de Jack Reacher. Si vous n'avez pas encore lu cette série, commencez maintenant! Vous pouvez les lire tous en quelques semaines, mais ne le faites pas, car vous devrez attendre une année pour le prochain. 
Ils sont des "whodunnits" délicieusement pédants. Et aussi des thrillers assez violents. Et ils racontent tous les aventures d'un seul homme. Jack Reacher!


Reacher est un solitaire.. Il fait de l'auto-stop ou prend le Greyhound. Il n'a pas de carte de crédit ni de téléphone. Il achète de nouveaux vêtements tous les trois jours et jette les anciens. Il ne possède rien sauf une brosse à dents. Il a souvent tort, est laconiquement drôle et carrément irrésistible pour la gent féminine. 

Cet héros ex-militaire était dans la police militaire de l'armée américaine. très cool, et utile si vous voulez écrire des hybrides polar-action. Appartenir à la police militaire signifie deux choses: Un, il est un enquêteur qualifié. Deux, il pourrait battre tout le monde dans l'armée.

Cette fois c'est "personal" (le titre du roman en VO). L'un des gars qu'on soupçonne de tirer sur le président Français connaît Reacher. Parce que ce dernier l'a mis hors-circuit il y a des années pour avoir tué un camarade dans une dispute de bar. Ce gars est un tireur hors-norme, et tant qu'il est en liberté, il est un danger ambulant! Donc naturellement notre Jack est appelé pour le neutraliser.

De l'action à foison, des rencontres peu communes..un agent secret russe à Paris, un gars gallois un peu louche à Londres, un gang serbe à Acton, un autre à Barking. Pas l'itinéraire habituel de tourisme-thriller. 

Et bien sûr, c'est un Lee Child, donc tellement bon qu'il fait paraître l'écriture "littéraire" pâle, flasque et surfaite. Ses phrases sciées s'amoncellent générant un élan implacable et en même temps aéré, agréable, rapide sans être oppressant. Beaucoup d'interludes éducatifs, notamment un paragraphe entier sur comment éclater une porte..des riffs sardoniques sur le consumérisme..toujours placés intelligemment dans le flux et le reflux des informations, contribuant au suspense. 

Tireurs d'élite, gangsters, géants, ex-militaires rancuniers..différentes façons de briser les membres des gens..ou de leur tirer dessus au visage, femmes fortes et intéressantes, petites villes, grandes villes, pistolets et coudes, café... Chaque nouveau roman recèle une nouvelle combinaison. 
"La cible était française" est une réussite totale, un Lee Child pur jus à 200 à l'heure, haletant, efficace et passionnant! 


Verdict:


Child ne peut pas s'arrêter maintenant. Il ne doit pas s'arrêter. Trop de gens dépendent d'un homme unique dans son genre..Jack Reacher!






vendredi 20 octobre 2017

Entre Deux Mondes de Olivier NOREK: Insoutenable..Inoubliable!

Editeur: Michel Lafon
Date de parution: 05/10/2017
Nombre de page: 413


Ce livre m'a anéantie! m'a secouée, m'a laissée en larmes, le cœur en miettes, l'espoir et la frustration se mêlant dans ma tête. 


Résumé:


Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. 
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. 
Un assassin va profiter de cette situation. 
Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. 
Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger. 




Mon avis:



Olivier Norek sans Victor Coste? j'étais septique! Mais maintenant que j'ai lu Entre Deux Mondes, je le félicite de tout mon cœur..car si le choix de la thématique était audacieux (voire osé), Norek s'est surpassé, il ne s'agit plus d'un polar qui sent le vécu, mais d'une réelle tragédie humaine abordée avec une sensibilité et une intelligence impressionnantes! 

Ce livre est poignant, cruel, violent, limite insoutenable, mais ça déborde d'humanité!

L'humain dans ce qu'il peut être de pire..et de meilleur! L'humain sans frontières de langues, de religions, de couleurs, de pays! 
La jungle de Calais, cet endroit "unique" qui gît entre deux mondes, qui abrite les réfugiés juste pour les empêcher d'atteindre l’Angleterre, cet "état" dans l'état, qui n'obéit justement qu'aux lois de la jungle, la loi du plus fort! Le seul endroit en France où la police ne peut pas enquêter, ni arrêter, ni intervenir! 

Entre le quotidien des migrants, rêves bafoués, familles perdues, rage au ventre, droits absents...et celui des flics de Calais, désillusion, dangers, remords, frustration...le bien et le mal n'ont pas lieu d'être!

Ce livre est un précieux témoignage sans jugement, sans parti-pris, sans condamnation explicite, écrit avec beaucoup de cœur..et de sang..et de tripes! et si j'ai pleuré à plus d'une reprise ce n'était pas que de la tristesse, c'était de la compassion, de l'émotion, et de l'amour pour ces personnages qui nous font presque oublier les horreurs de la jungle!

Oui, Olivier Norek s'est surpassé, il n'est décidément plus "le flic qui écrit des histoires de flics", il est l'écrivain assumé dont le talent n'est plus à confirmer. Le style d'écriture est plus que jamais soigné, mais toujours sans fioritures..avec ce supplément d'âme, d'humain, qui vous touche et vous hante et vous bouleverse! 
Lisez ce roman, vous en sortirez ébranlé, secoué, mais plus humain!


Et je vous avoue que, vu l'évolution de Norek d'un roman à l'autre, j'ai presque peur de lire son prochain!!




Extraits:


"Ce n'est pas le premier. La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble dix mille hommes, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu'une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts, il y en a toutes les semaines. Les No Border les traînent aux limites de la Jungle, devant les CRS, mais parfois ils sont simplement enterrés entre les dunes et la forêt. Si un jour ils rasent la Jungle, il ne faudra pas creuser trop profond."





jeudi 19 octobre 2017

Un Moindre Mal de Joe Flanagan: Simplement Superbe!


Titre original: Lesser Evils
Editeur: GALLMAISTER
Date de parution: 06/04/2017
Nombre de pages: 470

Résumé:

Cape Cod, 1957. Dans cette petite communauté tranquille, une série de meurtres d’enfants paralyse la population. Une famille disparaît dans d’étranges circonstances, un homme se fait violemment tabasser et refuse de dénoncer ses agresseurs. Le lieutenant Warren, de la police locale, découvre la difficulté de mener à bien son enquête dans un service corrompu. Sa position devient intenable quand arrive dans la région Stasiak, officier légendaire de la Police d’État aux pratiques douteuses. Destitué de ses dossiers, Warren comprend vite que résoudre ces affaires n’est pas ce que recherche ce flic brutal et manipulateur. Pourtant il ne peut rester en retrait de ce chaos, au risque d’y perdre sa place, sa réputation et peut-être beaucoup plus.


Avis de Atef:

Peut-on encore écrire dans le registre du roman noir de nos jours sans tomber dans la formule toute faite ou le déjà vu/lu ? L'exercice semble d'autant plus périlleux qu'il s'agit peut-être du genre le plus codifié qui existe et le plus enclin à tomber dans sa propre caricature. C'est pourtant le genre qu'a décidé d'aborder le nouveau venu Joe Flanagan pour son premier roman, ce Lesser Evils (en VO), encensé un peu partout par les critiques et les lecteurs. Tellement encensé d'ailleurs que l'éditeur s'est empressé de joindre au livre un bandeau publicitaire du Publisher's Weekly qui le compare à rien de moins que le L.A Confidential d'Ellroy, transposé à Cape Cod. Si la pratique est très courante, il convient d'emblée de lever la confusion: les deux romans partagent bien évidemment les grandes lignes : Police corrompue, journalistes troubles, crimes mafieux, inspecteurs incorruptibles...  mais encore une fois, ils ne sont pas propres au roman d'Ellroy mais constituent des passages quasi obligés pour tout roman noir ''classique'' qui se respecte. 

   Classique, le roman de Flanagan l'est jusqu'à la moelle. Et ceci dans tout ce que le terme implique de meilleur puisque l'auteur fait preuve d'une maîtrise saisissante dans le déroulement de son intrigue et la gestion de son suspense. Fort d'une documentation exhaustive, Flanagan entraîne son lecteur le long d'une enquête aux prémices simples mais aux ramifications inattendues sans que jamais l'on perde le fil tout en redonnant toute sa place à l'investigation -élément malheureusement trop peu présent dans les écrits actuels-. L'histoire est donc dense, riche en rebondissement et surtout, rondement menée sans grossiers artifices et, en cela, le défi est amplement relevé. Plus encore, Flanagan a le bon sens de donner toute la place nécessaire à ses personnages pour exister, y compris la légion de seconds rôles, brossant ainsi une mosaïque  de profils différents et passionnants. Par ailleurs, l'histoire est articulée autour d'un duel entre deux fortes têtes aux antipodes l'un de l'autre, le lieutenant Warren et l'officier Stasiak dont les affrontements jalonneront le récit et serviront de moteur à l'avancement de l'enquête.   

   Pour autant, l'auteur ne s'en remet pas uniquement à l'efficacité de son enquête mais affiche une belle ambition en délocalisant celle-ci loin du cadre trop usité de L.A vers Hyannis, une bourgade à Cape Cod. Un choix potentiellement casse-gueule mais que Flanagan utilise à son avantage et transforme en atout non négligeable tant il apporte une originalité inattendue à un genre ultra balisé. Le roman se fend donc d'une belle dimension sociale à travers son regard sur une certaine Amérique communautaire encore empêtrée dans ses croyances religieuses tout en étant profondément discriminatoire (le fils attardé du héros, le couple homosexuel, le racisme ordinaire de la police locale...). Tout ceci est amené avec une plume fine, authentique et qui sait se montrer incisive quand il le faut. A ce titre, le final d'une centaine de pages, riche en adrénaline est furieusement réussi. 


  Avec ce somptueux premier roman, Joe Flanagan s'impose d'emblée comme un auteur de polar doué avec lequel il faudra dorénavant compter. 


ATEF ATTIA