lundi 23 octobre 2017

La Cible était Française de Lee CHILD: Jack Reacher..plus badass que jamais!

Titre en VO: Personal
Editeur: Calmann-Levy
Date de parution: 06/09/2017
Nombre de pages: 368
Resumé:

Émoi dans tous les services de sécurité du monde: un inconnu vient de tirer sur le président de la République française à Paris, et la balle est américaine. Le sniper a touché l’écran de protection à la distance phénoménale de 1 400 mètres et l’avertissement est clair : la prochaine fois, ce sera au sommet du G8. Et Dieu sait combien il y fera de victimes.
Mais qui est ce tireur d’élite ? Seuls quatre hommes sont susceptibles d’avoir accompli cet exploit, et l’un deux, John Kott, est un Américain que Jack Reacher a fait mettre en prison quinze ans plus tôt. Aujourd’hui libéré, l’homme reste introuvable. Et c’est Jack Reacher que l’armée missionne en secret pour mettre la main sur le tireur.

Entre Paris et Londres, en tandem avec une jeune analyste, Reacher va se retrouver en butte à toutes sortes d’individus des services spéciaux russes, anglais et français, sans compter des assassins serbes et autres traîtres. Sa mission n’a jamais été aussi périlleuse.




Mon avis:


Quelqu'un a tiré sur le président de la République Française à Paris avec un fusil de sniper. Qui était-ce? Et pourquoi? Voici quelques questions auxquelles Reacher devrait trouver les réponses. En combattant des hommes, les fusillant parfois, avec ses mains nues, et quelques balles. Jack Reacher est de retour!

C'est le 19ème opus de la célèbre saga de Jack Reacher. Si vous n'avez pas encore lu cette série, commencez maintenant! Vous pouvez les lire tous en quelques semaines, mais ne le faites pas, car vous devrez attendre une année pour le prochain. 
Ils sont des "whodunnits" délicieusement pédants. Et aussi des thrillers assez violents. Et ils racontent tous les aventures d'un seul homme. Jack Reacher!


Reacher est un solitaire.. Il fait de l'auto-stop ou prend le Greyhound. Il n'a pas de carte de crédit ni de téléphone. Il achète de nouveaux vêtements tous les trois jours et jette les anciens. Il ne possède rien sauf une brosse à dents. Il a souvent tort, est laconiquement drôle et carrément irrésistible pour la gent féminine. 

Cet héros ex-militaire était dans la police militaire de l'armée américaine. très cool, et utile si vous voulez écrire des hybrides polar-action. Appartenir à la police militaire signifie deux choses: Un, il est un enquêteur qualifié. Deux, il pourrait battre tout le monde dans l'armée.

Cette fois c'est "personal" (le titre du roman en VO). L'un des gars qu'on soupçonne de tirer sur le président Français connaît Reacher. Parce que ce dernier l'a mis hors-circuit il y a des années pour avoir tué un camarade dans une dispute de bar. Ce gars est un tireur hors-norme, et tant qu'il est en liberté, il est un danger ambulant! Donc naturellement notre Jack est appelé pour le neutraliser.

De l'action à foison, des rencontres peu communes..un agent secret russe à Paris, un gars gallois un peu louche à Londres, un gang serbe à Acton, un autre à Barking. Pas l'itinéraire habituel de tourisme-thriller. 

Et bien sûr, c'est un Lee Child, donc tellement bon qu'il fait paraître l'écriture "littéraire" pâle, flasque et surfaite. Ses phrases sciées s'amoncellent générant un élan implacable et en même temps aéré, agréable, rapide sans être oppressant. Beaucoup d'interludes éducatifs, notamment un paragraphe entier sur comment éclater une porte..des riffs sardoniques sur le consumérisme..toujours placés intelligemment dans le flux et le reflux des informations, contribuant au suspense. 

Tireurs d'élite, gangsters, géants, ex-militaires rancuniers..différentes façons de briser les membres des gens..ou de leur tirer dessus au visage, femmes fortes et intéressantes, petites villes, grandes villes, pistolets et coudes, café... Chaque nouveau roman recèle une nouvelle combinaison. 
"La cible était française" est une réussite totale, un Lee Child pur jus à 200 à l'heure, haletant, efficace et passionnant! 


Verdict:


Child ne peut pas s'arrêter maintenant. Il ne doit pas s'arrêter. Trop de gens dépendent d'un homme unique dans son genre..Jack Reacher!






vendredi 20 octobre 2017

Entre Deux Mondes de Olivier NOREK: Insoutenable..Inoubliable!

Editeur: Michel Lafon
Date de parution: 05/10/2017
Nombre de page: 413


Ce livre m'a anéantie! m'a secouée, m'a laissée en larmes, le cœur en miettes, l'espoir et la frustration se mêlant dans ma tête. 


Résumé:


Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. 
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. 
Un assassin va profiter de cette situation. 
Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. 
Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger. 




Mon avis:



Olivier Norek sans Victor Coste? j'étais septique! Mais maintenant que j'ai lu Entre Deux Mondes, je le félicite de tout mon cœur..car si le choix de la thématique était audacieux (voire osé), Norek s'est surpassé, il ne s'agit plus d'un polar qui sent le vécu, mais d'une réelle tragédie humaine abordée avec une sensibilité et une intelligence impressionnantes! 

Ce livre est poignant, cruel, violent, limite insoutenable, mais ça déborde d'humanité!

L'humain dans ce qu'il peut être de pire..et de meilleur! L'humain sans frontières de langues, de religions, de couleurs, de pays! 
La jungle de Calais, cet endroit "unique" qui gît entre deux mondes, qui abrite les réfugiés juste pour les empêcher d'atteindre l’Angleterre, cet "état" dans l'état, qui n'obéit justement qu'aux lois de la jungle, la loi du plus fort! Le seul endroit en France où la police ne peut pas enquêter, ni arrêter, ni intervenir! 

Entre le quotidien des migrants, rêves bafoués, familles perdues, rage au ventre, droits absents...et celui des flics de Calais, désillusion, dangers, remords, frustration...le bien et le mal n'ont pas lieu d'être!

Ce livre est un précieux témoignage sans jugement, sans parti-pris, sans condamnation explicite, écrit avec beaucoup de cœur..et de sang..et de tripes! et si j'ai pleuré à plus d'une reprise ce n'était pas que de la tristesse, c'était de la compassion, de l'émotion, et de l'amour pour ces personnages qui nous font presque oublier les horreurs de la jungle!

Oui, Olivier Norek s'est surpassé, il n'est décidément plus "le flic qui écrit des histoires de flics", il est l'écrivain assumé dont le talent n'est plus à confirmer. Le style d'écriture est plus que jamais soigné, mais toujours sans fioritures..avec ce supplément d'âme, d'humain, qui vous touche et vous hante et vous bouleverse! 
Lisez ce roman, vous en sortirez ébranlé, secoué, mais plus humain!


Et je vous avoue que, vu l'évolution de Norek d'un roman à l'autre, j'ai presque peur de lire son prochain!!




Extraits:


"Ce n'est pas le premier. La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble dix mille hommes, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu'une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts, il y en a toutes les semaines. Les No Border les traînent aux limites de la Jungle, devant les CRS, mais parfois ils sont simplement enterrés entre les dunes et la forêt. Si un jour ils rasent la Jungle, il ne faudra pas creuser trop profond."





jeudi 19 octobre 2017

Un Moindre Mal de Joe Flanagan: Simplement Superbe!


Titre original: Lesser Evils
Editeur: GALLMAISTER
Date de parution: 06/04/2017
Nombre de pages: 470

Résumé:

Cape Cod, 1957. Dans cette petite communauté tranquille, une série de meurtres d’enfants paralyse la population. Une famille disparaît dans d’étranges circonstances, un homme se fait violemment tabasser et refuse de dénoncer ses agresseurs. Le lieutenant Warren, de la police locale, découvre la difficulté de mener à bien son enquête dans un service corrompu. Sa position devient intenable quand arrive dans la région Stasiak, officier légendaire de la Police d’État aux pratiques douteuses. Destitué de ses dossiers, Warren comprend vite que résoudre ces affaires n’est pas ce que recherche ce flic brutal et manipulateur. Pourtant il ne peut rester en retrait de ce chaos, au risque d’y perdre sa place, sa réputation et peut-être beaucoup plus.


Avis de Atef:

Peut-on encore écrire dans le registre du roman noir de nos jours sans tomber dans la formule toute faite ou le déjà vu/lu ? L'exercice semble d'autant plus périlleux qu'il s'agit peut-être du genre le plus codifié qui existe et le plus enclin à tomber dans sa propre caricature. C'est pourtant le genre qu'a décidé d'aborder le nouveau venu Joe Flanagan pour son premier roman, ce Lesser Evils (en VO), encensé un peu partout par les critiques et les lecteurs. Tellement encensé d'ailleurs que l'éditeur s'est empressé de joindre au livre un bandeau publicitaire du Publisher's Weekly qui le compare à rien de moins que le L.A Confidential d'Ellroy, transposé à Cape Cod. Si la pratique est très courante, il convient d'emblée de lever la confusion: les deux romans partagent bien évidemment les grandes lignes : Police corrompue, journalistes troubles, crimes mafieux, inspecteurs incorruptibles...  mais encore une fois, ils ne sont pas propres au roman d'Ellroy mais constituent des passages quasi obligés pour tout roman noir ''classique'' qui se respecte. 

   Classique, le roman de Flanagan l'est jusqu'à la moelle. Et ceci dans tout ce que le terme implique de meilleur puisque l'auteur fait preuve d'une maîtrise saisissante dans le déroulement de son intrigue et la gestion de son suspense. Fort d'une documentation exhaustive, Flanagan entraîne son lecteur le long d'une enquête aux prémices simples mais aux ramifications inattendues sans que jamais l'on perde le fil tout en redonnant toute sa place à l'investigation -élément malheureusement trop peu présent dans les écrits actuels-. L'histoire est donc dense, riche en rebondissement et surtout, rondement menée sans grossiers artifices et, en cela, le défi est amplement relevé. Plus encore, Flanagan a le bon sens de donner toute la place nécessaire à ses personnages pour exister, y compris la légion de seconds rôles, brossant ainsi une mosaïque  de profils différents et passionnants. Par ailleurs, l'histoire est articulée autour d'un duel entre deux fortes têtes aux antipodes l'un de l'autre, le lieutenant Warren et l'officier Stasiak dont les affrontements jalonneront le récit et serviront de moteur à l'avancement de l'enquête.   

   Pour autant, l'auteur ne s'en remet pas uniquement à l'efficacité de son enquête mais affiche une belle ambition en délocalisant celle-ci loin du cadre trop usité de L.A vers Hyannis, une bourgade à Cape Cod. Un choix potentiellement casse-gueule mais que Flanagan utilise à son avantage et transforme en atout non négligeable tant il apporte une originalité inattendue à un genre ultra balisé. Le roman se fend donc d'une belle dimension sociale à travers son regard sur une certaine Amérique communautaire encore empêtrée dans ses croyances religieuses tout en étant profondément discriminatoire (le fils attardé du héros, le couple homosexuel, le racisme ordinaire de la police locale...). Tout ceci est amené avec une plume fine, authentique et qui sait se montrer incisive quand il le faut. A ce titre, le final d'une centaine de pages, riche en adrénaline est furieusement réussi. 


  Avec ce somptueux premier roman, Joe Flanagan s'impose d'emblée comme un auteur de polar doué avec lequel il faudra dorénavant compter. 


ATEF ATTIA

lundi 31 juillet 2017

Notre Petit Secret de ROZ NAY: Une "petite" pépite du genre!




Prix Douglas Kennedy du meilleur thriller étranger
Titre original: Our little Secret
ME: Hugo et Compagnie
Date de parution: 18/05/2017


J'ai remarqué qu'on ne parle pas assez de ce roman sur la blogo et sur la toile, ce que je trouve bien dommage! C'est l'un de ces rares romans à suspense qui ont réussi à raconter une histoire complètement immersive de la manière la plus courte, la plus concise et la plus addictive possible.
Oui, j'ai été conquise, je vous explique pourquoi...


Resumé:


Angela est interrogée par la police : la femme de son ex petit ami a disparu, et l'inspecteur Novak est persuadé qu'elle en sait davantage qu'elle ne veut bien le dire. Alors, encouragée par Novak, Angela va raconter son histoire. Une histoire qui commence dix ans plus tôt, au lycée de Cove, dans le Vermont, par sa rencontre avec HP, en qui elle reconnaît son âme sœur. Mais le récit d'Angela va révéler un sombre écheveau de trahisons et de pulsions destructrices, au cœur d'un troublant triangle amoureux.




Mon avis:


 En moins de 300 pages, Roz Nay vous fera traverser tout un panel d'émotions envers ses personnages et son histoire. Préparez-vous à être tour à tour attendris, furieux, frustrés, horrifiés, émus...mais constamment manipulés!

Son écriture est facile, simple, sans fioritures, et vous emporte dans l'histoire dès la toute première page. Vous ne sentirez pas le temps passer et vous finirez ce roman sans vous en rendre compte.

Ce thriller psychologique met l'accent sur la disparition d'une femme et sur un triangle amoureux qui est au centre de cette disparition. Tout le récit est l'interview de notre protagoniste, Angela, qui est aussi le narrateur, par un détective qui essaie de comprendre ce qui est arrivé à la disparue. 

Le personnage principal nous raconte donc l'histoire qui commence en son adolescence alors qu'elle construit l'intrigue de manière complètement addictive. Pour un roman aussi court, l'histoire est juste impressionnante!

Le récit se compose de scènes dans une salle d'interrogatoire entre Angela et le détective Novak ainsi que des séquences de flash-back qui nous transportent partout dans la vie de Angela, car elle raconte comment elle a connu toutes les personnes concernées. 

Avec une fluidité étonnante, Roy Naz livre l'un des thrillers psychologiques les plus addictifs et les plus rythmés que j'ai jamais lus. Alors qu'on imagine que l'histoire va se focaliser sur les événements actuels, Notre Petit Secret nous offre une histoire beaucoup plus complexe qui prend origine dans l'adolescence des protagonistes et leurs premiers émois. 

Cette structure vous rendra rapidement accro à mesure que vous apprenez à connaître les personnages et les moments significatifs qu'Angela a partagés avec chacun. C'est grâce au récit de ses souvenirs que les indices sont lancés un par un alors que l'intrigue se construit à un rythme constant et impitoyable.

Bien que certaines des décisions d'Angela tout au long de sa vie soient tout à fait discutables, vous ne pourrez que constater combien un amour sincère peut mal tourner, oui c'est pas nouveau mais ce roman nous le montre d'une manière des plus inouïes. 
L'élément le plus fascinant de ce livre réside toutefois dans sa capacité à manipuler le lecteur. 
Dépassé par le rythme rapide, il y a trop peu de temps pour réfléchir deux fois, et encore moins pour que les émotions soient filtrées et nuancées. 
J'ai bien aimé le fait que tout le monde aurait pu être coupable et que Roz Nay se plaît à nous faire douter sans forcer, sans effort, sans prétention. 
Même la relation entre le détective et Angela (au présent) a été intelligemment intégrée. Aucune hypothèse ne semble impossible à mesure que le rideau descend lentement.

Sans oublier la révélation finale magistrale (ou dans une autre version, le "twist ending" de malade de la mort qui tue!!!) qui va certainement vous tomber sur la tête et vous laisser sans parole pour quelques bonnes minutes!


Mot de la fin:


D'une simplicité déconcertante, d'un réalisme frappant et d'une intelligence exceptionnelle; Notre Petit Secret fera certainement partie de mes coups de cœur de l'été! Ce roman a aussi réussi à surmonter mon aversion pour les triangles amoureux! C'est vous dire à quel point il est réussi!!





jeudi 22 juin 2017

Au fond de l'eau de Paula HAWKINS: Aquatique, noir et captivant!

Titre VO: Into the Water
Editeur: SONATINE
Parution: 08/06/2017
416 pages


Quatrième de couverture:


La veille de sa mort, Nel a appelé sa sœur, Julia. Qui n'a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d'être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, leur ville natale, Julia est effrayée à l'idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur ? D'affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s'occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu'elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu'elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c'est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent.



Mon avis:


En 2015, le premier roman de Paula Hawkins, la Fille du Train, est devenu en quelques semaines un incontournable dans le monde du thriller psychologique. Si vous êtes l'une des rares personnes qui ne l'ont pas lu (ni vu le film), il s'agit d'une femme qui a tout perdu - son mariage, son métier et son estime de soi - et passe la plupart de son temps en état d'ébriété, Souffrant d'amnésies et d'absences et qui se trouve mêlée à une enquête sur la disparition d'une femme dont elle épiait la vie quotidiennement lors de ses passages en train. Vivant dans un brouillard alcoolisé qui l'empêche de distinguer les souvenirs des rêveries, elle découvre néanmoins qu'elle est plus impliquée dans cette histoire qu'elle ne le pensait. Voilà en gros.
L'une des choses les plus intéressantes dans ce livre était la façon dont Hawkins a utilisé le manque de fiabilité des perceptions de son personnage pour déstabiliser le lecteur, qui est obligé de dépister les contradictions et les lacunes pour deviner la vérité..et encore!

Le très attendu Au fond de l'eau emploie également cette procédure de déboussoler le lecteur avec des informations contradictoires, et revisite certains des thèmes centraux de La Fille du Train: mémoire, illusion, perception, duperie...
Mais ici, bien que l'intrigue comporte des décès suspects et des enquêtes criminelles, il existe de nombreux autres éléments qui prennent le dessus à savoir les relations entre les individus, les familles et les communautés.

Le cadre est la petite ville anglaise de Beckford, où, comme dans toutes les petites villes du monde, les vies des habitants entrent en collision et se chevauchent intimement, les malheurs privés sont des connaissances publiques et les étrangers sont considérés avec suspicion. 

Beckford abrite également "le bassin des noyées", une partie de la rivière qui court sous une falaise, dans laquelle de nombreuses femmes dans toute l'histoire de la ville ont rencontré la mort soit par accident, suicide, meurtre ou - dans un cas - un procès de sorcellerie du XVIIe siècle. Ce bassin est devenu un morceau de la mythologie sombre de la ville - "un endroit pour se débarrasser des femmes à problème" comme dirait Nel dans son documentaire.

Aussi placide que l'eau cachant des siècles de cadavres, la ville couvre bien ses propres secrets: des mariages malheureux, des abus, des liaisons extra-conjugales , des angoisses, des mensonges, des crimes et les destinées de ses femmes victimisées.

Le roman commence par la mort de Nel Abbott, une femme qui est retournée à Beckford pour écrire un livre sur l'histoire du bassin des noyées qui l'avait fascinée depuis son enfance. 

Des extraits du manuscrit inédit de Nel - une partie de l'histoire locale, des mémoires partiels - apparaissent tout au long du livre alors qu'elle réinvente les décès de certaines femmes, examine les événements de sa propre vie et romance le phénomène, évoquant une sorte de souffrance commune qui lie les victimes des eaux.

Le projet de Nel l'a rendue impopulaire pour les habitants dont les proches - mères, sœurs, filles, épouses - sont mortes dans cette eau et qui pourraient avoir des raisons sinistres pour vouloir garder le secret. 
Quand Nel elle-même devient l'une des victimes de la rivière, beaucoup se sentent soulagés, même joyeux; Mais il n'y a aucun indice d'une possible lutte, sa mort est considérée comme un accident ou un suicide.

Jules, la sœur cadette de Nel, la voix principale du roman, arrive à Beckford pour identifier le corps et s'occuper de Lena, la fille de 15 ans de Nel, devenant tout à coup responsable d'une nièce qu'elle n'a jamais rencontrée. Lena qui a perdu sa meilleure amie Katie à la rivière, juste quelques semaines avant, un suicide apparent.

Jules est un personnage étrange. Timide et maladroite, elle a une boulimie résiduelle de son enfance et une rancune incurable envers avec sa sœur décédée, avec qui elle n'avait pas parlé depuis les funérailles de leur mère, mais à qui elle parle - tout au long du roman, avec un "Tu" percutant et bouleversant. 
Elle est également prédisposée à des lacunes de mémoire à court terme.

Revenir à Beckford et rencontrer Lena - l'image crachée de Nel à la fois en apparence et en tempérament - rappelle des souvenirs douloureux d'un moment fatidique dans l'enfance des sœurs, un événement dont on ne comprendra le réel impact que tard dans le roman.

Le livre commence rapidement avec une polyphonie directe. Le nombre de personnages ayant une voix (parlant à la première personne) pose problème surtout au début. 

En effet, les 50 premières pages contiennent 12 chapitres courts de neuf points de vue différents, les prénoms sont très facilement confondus à ce stade précoce: Libby, Lena, Louise, Josh, Jules... Certains de ces chapitres ont des dates jointes, d'autres pas; Certains sont écrits à la première personne, certains en troisième personne; Certains sont des extraits du manuscrit de Nel

C'est une introduction un peu déroutante certes, mais heureusement, on s'y habitue rapidement, les personnages sont tellement bien travaillés qu'on distingue les tons et on arrive à suivre. 
Une fois ce problème résolu donc, la lutte pour déterminer à qui on peut faire confiance commence. L'action a lieu au cours du mois suivant la mort de Nel, et la perspective passe rapidement d'une personne à l'autre, révélant à chaque fois des pêchés et des mensonges!

Les noyades de Nel, Katie et plusieurs autres femmes est la pièce maîtresse du livre. Le suspense repose sur des illusions, des coïncidences, des malentendus, une mauvaise communication et beaucoup de faux-semblants. 
Hawkins revient aussi à l'idée du manque de fiabilité de la mémoire, où les souvenirs douloureux sont déformés délibérément ou inconsciemment, et comment les traumatismes infantiles peuvent rendre l'esprit vulnérable à la manipulation, ou enclins à fabriquer des leurres pour combler les lacunes (comme mécanisme d'adaptation). 

Il y a beaucoup de fil à retordre, et la façon dont Hawkins s'occupe de ses révélations varie: certaines sont ouvertes et déclaratives, certaines décontractées comme des vérités collatérales, et certaines restent entièrement non écrites, où le lecteur a tous les indices nécessaires pour tirer la conclusion logique sans la prise en main d'une révélation ponctuelle.

Il y a quelques faux pas qui ne touche en rien l'intégrité du récit. Les chapitres ultra-courts donne un rythme rapide, mais le changement brusque et arbitraire des points de vue peut compromettre la capacité des lecteurs à se plonger dans l'histoire. Cependant, la psychologie des personnages est super bien fouillée, on ne s'ennuie presque jamais et le dernier chapitre est un vrai feu d'artifice! Une superbe fin parfaite pour clôturer le suspens!



Verdict:


Je pense que ce livre fera moins de bruit que le précédent. Les fans vont le trouver moins flashy et, malgré le suspens, plus contemplatif et plus lugubre que le La fille du train. Moi je l'ai dévoré en à peine deux jours et je n'étais pas déçue malgré la crainte que j'avais au début. Je trouve louable que l'auteure n'a pas choisi la facilité, elle a pris du risque tout en montrant une rare capacité stylistique. Je suis très intéressée de voir ce qu'elle fera par la suite.



Extrait:

"J’ai cherché ce que j’allais pouvoir te dire en arrivant, je savais que tu avais fait ça exprès pour me faire du mal, pour me contrarier, pour m’effrayer, pour bouleverser ma vie. Pour attirer mon attention, pour me forcer à revenir. Alors bravo, Nel, tu as réussi : me voilà de retour dans cet endroit que je ne voulais plus jamais revoir, sommée de m’occuper de ta fille, et de remettre de l’ordre dans tout ton bordel."




mercredi 14 juin 2017

L'Homme-Feu de JOE HILL: un roman Brûlant!

Titre original: The Fireman
Maison d'édition: JC Lattès
Parution: 07/06/2017
700 pages
      

J'ai lu ce roman à sa sortie en VO (the Fireman) et c'est avec un plaisir renouvelé que j'ai relu la version française fournie par JC Lattès. Le fils de Stephen King frappe fort cette fois!


Quatrième de couverture:



Personne ne sait exactement quand et où cela a commencé.
Sur le corps des hommes et des femmes de magnifiques tatouages apparaissent et brûlent plus ou moins violemment les individus qui les portent… Boston, Détroit, Seattle… sont frappés. Il n’existe pas d’antidote.
Harper est une infirmière merveilleusement bienveillante. Le même jour, elle découvre qu’elle est enceinte et qu’elle est touchée par le virus. Paniqué son mari fuit.
Et dans ce monde en ruines où des micros sociétés se créent et des milices d’exterminations traquent les malades, Harper va rencontrer l’Homme-feu capable de contrôler le feu intérieur qui consume les humains. Ensemble, ils vont tenter de sauver une société terrorisée où chacun est prêt au pire pour tenter de survivre.
Une fresque aussi profonde que fascinante sur l’homme face à ses peurs vertigineuses et à sa puissance de vie.




Mon avis:


      La fin du monde est une des thématiques les plus récurrentes dans la littérature de genre, il y en a pour tous les goûts, un astéroïde géant, une invasion extraterrestre, un virus, les zombies (effet walking dead)...
Le divertissement étant dans le passage du pré-désastre d'ici aux horreurs de là-bas. Mais beaucoup de ces histoires portent un message "clandestin". Les contes de fin du monde n'existent pas seulement pour titiller et faire peur, mais pour porter un noyau de perspective avec le fun. 
L'effondrement de la civilisation est un des mécanismes préférés pour les écrivains qui veulent jeter la lumière sur les tréfonds de la nature humaine

Joe Hill est sorti des sentiers battus et a choisi un moyen ingénieux pour apporter sa vision apocalyptique. Draco incendia trychophyton est une spore aux propriétés inhabituelles. Des hiéroglyphes en noir parsemé de doré apparaissent sur la peau des personnes contaminés, qui ne tardent pas à s'embraser aléatoirement et spontanément sans aucun moyen de contrôler le feu. Cette affliction est appelée "écaille de dragon" et personne ne sait comment elle se transmet ni comment s'en protéger.

Harper Grayson, une infirmière scolaire, est une jeune femme simple et sans histoires. Elle est dévouée, gentille et ferme avec ses patients, son idole est Mary Poppins, elle mène une vie normale avec son époux Jakob jusqu'à l'avènement de la pandémie. Harper, motivée par son grand cœur et son envie d'aider se porte volontaire pour s'occuper des patients mis en quarantaine dans l’hôpital du coin (après la fermeture inévitable de l'école), où elle vit l'horreur au quotidien, le feu n'épargne personne et se fout des précautions médicales.

Harper et Jakob s'étaient promis de se tuer à l'apparition des premiers signes de la maladie plutôt que de se laisser brûler vifs. Mais quand elle a découvert sa grossesse, l'apparition des signes noirs et dorés sur sa peau devient un défi pas une peine de mort. Elle a vu des mères malades donner naissance à des bébés sains et elle espérait en faire partie. Malheureusement son mari avait d'autres plans et la pauvre se trouve traquée sans merci au plein milieu de l'horreur!

L'homme-feu du titre est John Rookwood. Sa première rencontre avec Harper était quand l’hôpital où elle travaillait s'est effondré. Il l'a sauvée de son mari et l'a emmenée vers un camps de survivants, où elle va découvrir que le l'écaille de dragon peut ne pas être une malédiction! John peut contrôler le feu des gens contaminés et maîtrise sa propre maladie! 

Ce livre peut avoir au moins deux degrés de lecture. En surface, c'est une aventure sci-fi/horreur palpitante, un page-turner excitant et effrayant. 
Harper est un personnage très attachant. Une femme enceinte fuyant des forces obscures, essayant au même temps de comprendre sa maladie et son sauveur. Une femme qui incarne la joie et la positivité dans cette ambiance glauque et désolante. Ajoutons à ça John, l'allié mystérieux et plein de pouvoirs et de secrets, des bons, des méchants, et plusieurs "entre les deux". Beaucoup d'action et une riche atmosphère, et le tour est joué.

Ceci dit, il y a plus. Ce n'est pas juste une catastrophe dans laquelle un groupe de survivants trouve un modus vivendi pratique dans l'ombre de l'horreur mondiale. 
Joe Hill ne cherche pas seulement à faire peur à ses lecteurs. Il veut offrir quelque chose de plus substantiel. L'homme-feu livre ce que la littérature "spéculative" a de meilleur: un regard dans la réalité contemporaine à travers une lentille de fantastique. 
On trouve une critique du fanatisme, du pouvoir des cultes, de l'hypocrisie des dirigeants, une guerre entre le bien et le mal avec une vision loin d'être manichéenne. Ce n'est pas sans rappeler le cultissime "Fléau" de Stephen King, en moins épique et plus brûlant.

Un roman qui vaut certainement le détour! Et si Joe Hill prépare une suite, et bien je serai preneuse!


Extraits:

"Bien souvent notre séjour sur terre est trop bref. Des gens vivent démunis, certains fuient la guerre et la famine. Une épidémie ici, une inondation là. Mais l'être humain a toujours trouvé la force de chanter. Le nouveau-né s'arrête de geindre lorsqu'il entend une mélodie agréable. Chanter, c'est donner de l'eau aux assoiffés, c'est avoir un geste tendre, c'est briller. La meilleure preuve de votre utilité en ce monde réside dans les modulations de votre voix et dans votre manière d'étinceler pour autrui. Les ignorants tombent et tomberont au cœur du brasier. [...]
L'égoïsme est un dangereux combustible. Quand vous accueillez celui qui a froid sous votre couverture, vous vous réchauffez tous les deux. Quand vous soignez le malade avec vos médicaments, sa guérison panse vos plaies. Un type beaucoup plus intelligent que moi a prétendu que l'enfer, c'était les autres. J'ajouterais pour ma part que l'enfer, c'est refuser par cupidité l'essentiel au nécessiteux. Ne perdez pas votre âme. Chérissez votre prochain ou bien vous marcherez sur les cendres, une allumette à la main."

"Les bourreaux trouvent toujours un moyen de justifier la monstruosité de leurs actes. Un petit massacre ici, une minuscule torture là. Ce qui était immoral en temps normal devenait moral en période de crise."




lundi 8 mai 2017

La Maison des Guidés de Arielle Sautet: Que du bonheur!








J'ai lu ce roman-bombe-claque-de-la-mort-qui-tue grâce aux chaudes recommandations de mes copines booktubeuses Séverine (ilestbiencelivre) et Sahar (Livrement Moi) et comment vous dire...elles ont ma reconnaissance éternelle!


Resumé:

Jusqu'où peut encore aller la télé-réalité ?... C'est ce que vont découvrir dix inconnus à leurs dépens. Candidats involontaires d'une toute nouvelle émission, ils n'ont d'autre choix que de jouer... Le but ? Trouver la sortie, pour retrouver leur vie. Qui sont-ils ? Pourquoi eux ? Qui a décidé de les pousser dans la lumière sans qu'ils l'aient demandé ? Entre rivalités, enfermement, amour, rires, et questionnements, ils s'enfoncent petit à petit dans un jeu malsain qu'ils ne maîtrisent en rien. Un jeu qui pourrait bien ne pas en être un. En changeant de perspective, l'entrée devient la sortie...



Mon avis:


Il y a des romans que tu aimes tellement que tu ne trouves pas les mots justes pour en parler, même après des semaines! La Maison des Guidés en fait partie!

Il y a des romans inclassables, qui refusent même d'être confinés à un seul genre littéraire, je n'en ai pas rencontré beaucoup..mais La Maison des Guidés en fait partie

Y a des romans qui te font passer par toute une panoplie d'émotions extrêmes et diamétralement opposés, de l'attente insupportable à l'attendrissement total! Vous l'avez deviné, La Maison des Guidés en fait aussi partie!

Disclaimer: Ceci n'est pas une chronique digne de ce nom, mais plutôt un ressenti, y aura donc beaucoup d'adverbes, et peu de phrases cohérentes! 

On revient!
Continuez à lire, on va parler huis-clos, télé-réalité, manipulation, et amour. Oui, there's love in the air...

Une maison luxueuse, dix inconnus (cinq hommes, cinq femmes) qui ne se rappellent pas comment il sont arrivés là, à qui on annonce (la voix du "guide") qu'ils font partie d'une émission de télé-réalité et qu'ils ont signé un contrat à cet effet (on leur montre même les contrats signés), imaginez un peu leur désarroi!
Mais ici l'enjeu est original, au lieu de jouer pour "rester", on joue pour trouver une sortie! 10 candidats, 10 sorties, chacune ne peut être utilisée qu'une seule fois. 

Déjà, un prélude qui annonce le ton, qui met la pression et on ne sait pas à quoi s'attendre!

On se dit peut-être qu'on aura tout vu comme huis-clos, de Misery à Criminal Loft, ce "concept" est surconsommé par les auteurs de thrillers psychologiques, et personnellement je m'attendais à du "déjà-vu" mais NON! La Maison des Guidés ne ressemble à aucun autre roman, parole d'une liseuse en série!

De surprise en surprise, on apprend à connaître les personnages, un toxico, un sportif de haut niveau, une blonde écervelée, une "bad-ass", un vieillot, un couple qui bat de l'aile...et un enfant de six ans!!! Oui, un enfant qui se trouve coincé dans cette grande maison avec ces inconnus qui ne sauraient quoi faire de sa présence! 

Dix personnages bien différenciés, bien développés, avec des profils aussi distincts qu'intéressants! Vous me dites que c'est beaucoup, je vous dis que non, c'était juste parfait! 
On arrive à les connaître et à les reconnaître dès les premiers chapitres, à les visualiser même, à s'y attacher, à s'en énerver, à vivre avec eux quoi! 
Ne me demandez pas comment c'est possible! Arielle Sautet est une sacrée fée!

Le récit se déroule donc entre le thriller et la comédie romantique, oui moi aussi je croyais que c'était impossible, encore une fois, demandez à Arielle

Un Guide qui les charge régulièrement de missions très "bizarres" voire "sadiques", qui leur livre des indices très ambigus, du harcèlement psychologique insoutenable quoi! Mais aussi qui les récompense généreusement une fois la "mission" accomplie. 
Les guidés seront malmenés, nous avec, mais ils seront aussi chouchoutés, ils connaîtront l'amitié, la loyauté, l'amour pour certains, l'instinct maternel pour d'autres. 

Mention spéciale à l'histoire d'amour qui se développe dans la maison, moi qui reste d'habitude de marbre devant les romances, Arielle Sautet m'a bien eue, des sourires béats, des larmes, des papillons dans le ventre, de la frustration, j'en ai vu de toutes les couleurs avec ces deux-là! 
Deux personnes torturés et solitaires qui se complètent mais pas sans se déchirer..ah! c'était tellement beau!

Et que dirais-je de la plume d'Arielle!! Elle est simple, (trop) addictive, (trop) entraînante, tu plonges tout de suite dans le livre et tu ne vois pas les heures passer. Je l'ai lu d'une traite, terminé à 3h du mat', pas regardé l'heure ou le téléphone ou facebook une seule fois durant ma lecture, oh mais! c'était jubilatoire, jouissif même! Un plaisir de lecture en état brut, de ceux qu'on éprouve rarement!

Bref, vous l'avez remarqué, je suis incapable d'arrêter de blablater et j'ai trop peur de vous spoiler! Alors si vous êtes adeptes de télé-réalité..ou pas, si vous aimez les romans à suspens..ou pas, si vous cherchez un livre original qui vous changera de vos lectures habituelles (quelques soient leurs genres) lisez ce roman, ça ne peut que vous faire du bien!

Seul hic, l'attente avant le tome 2, d'habitude, impatiente que je suis, je n'aime pas les fins ouvertes, mais ici, c'est tellement bien amené que j'ai complètement adhéré. Je prends mon mal en patience, et je sauterai sur le tome 2 le jour de sa sortie!



Mot de la fin:


Une plume légère et poignante, un rythme bien soutenu, des situations cocasses qui alternent émotions et humour, une maîtrise impressionnante, une intelligence inouïe et des personnages intrigants! Une lecture mémorable qui vous hantera longtemps!

Je vous ne dis rien d'autre, LISEZ CE ROMAN, remerciez-moi après! 


PS: Combien j'étais surprise et fière quand j'ai lu le nom de mon amie Leila dans les remerciements, Leila de Chez CLM la créatrice de cette sublime couverture qui sied à la perfection à cette histoire! Bravo ma chérie!

PS2: Pour ceux qui veulent commander le roman en broché (comme j'ai fait moi) c'est sur le site de la maison d'édition Mots en Flots ici.





Du Feu de l'Enfer de Sire Cédric: Un thriller justement..infernal!




Plus redoutable qu'un thriller fantastique..un thriller diabolique!

En tant que amatrice de thriller, j'ai toujours eu honte du fait que je n'ai jamais essayé du Sire Cédric; maintenant que c'est chose faite, je peux vous dire pourquoi: le fameux côté fantastique de ses romans me rebutait, et c'est donc avec un énorme plaisir que j'ai appris que celui-ci est du thriller pur et dur. J'ai pas hésité longtemps à m'y plonger, et comment vous dire...Je m'en félicite!



Résumé:


Manon maquille les cadavres, Ariel maquille les voitures. Elle est thanatopractrice, il est délinquant. Ils sont frère et sœur. Un jour, l'une des combines d'Ariel tourne mal et Manon se retrouve complice malgré elle. Lorsque les assassinats les plus sordides s'accumulent autour d'eux, traçant un jeu de piste sanglant vers une secte satanique, le capitaine Raynal s'intéresse à leur cas. Commence alors une traque qui brouillera les limites entre alliés et prédateurs et mettra à l'épreuve les liens du sang. 

Sire Cedric revient en chef d'orchestre du suspense et des frissons, avec un nouveau concerto qui fait la part belle au souffle du vent dans la nuit noire et aux gémissements des corps tortués. Subtil et maîtrisé, ce conte d'horreur moderne allie à la justese d'une réflexion sur les relations familiales les retournements de situation les plus ébouriffants.




Mon avis:


Jamais un livre n'a aussi bien porté son titre! 
Préparez-vous à traverser le Styx et affronter Cerbère ainsi que tous vos démons, ce roman est un vrai voyage en enfer!

On est plongé dans l'horreur dès les premières pages; l'intrigue ne met pas longtemps à s'installer, le premier chapitre annonce le ton, et je peux vous dire que c'est généralement un bon signe!
Ici on est très bien servi!

Les personnages principaux: Manon, une jeune thanatopractrice (oui, oui, elle embaume les cadavres et elle aime ça!) sans histoires, un peu effacée néanmoins (ça va vite changer, vous inquiétez pas) et qui se trouve emmêlée dans une histoire abracadabrante à cause de son frère, Ariel, vingt-six ans, délinquant et bon-à-rien à part se mettre dans le pétrin! Cette fois, il s'agit pas d'une dispute ou d'un braquage qui a mal tourné, il s'est simplement attiré tout le feu de l'enfer!

On est tout de suite pris d'empathie avec cette sœur qui essaie tant bien que mal d'aider son frère et se trouve affrontée à des meurtriers à peine humains qui se font -et pour cause- appeler par des noms de divinités anciennes, et pas n'importe lesquelles! 


Course poursuite, ambiance gothique, rites sataniques, scènes sanglantes, meurtres atroces, personnages originaux et réalistes, corruption politique et policière, rebondissements inattendus...tout y est!

Les légions de Hadès sont partout, nos protagonistes deviennent non seulement pourchassés par ces tueurs démoniaques mais aussi par la police. 
Cette double fuite rendra le récit encore plus haletant! On ne sent pas défiler les 500 pages, impossible de lâcher ce livre une fois entamé! Vous en oublierez vos déjeuners, vos rendez-vous et même vos cigarettes!

Un rythme infernal qui évolue en crescendo du premier au dernier chapitre, une plume efficace et incisive, un récit très aéré avec peu de descriptions et beaucoup de dialogues, pas de longueurs surfaites ni de lacunes! 

Un des meilleurs thrillers que j'ai lus en 2017! A recommander à tous ceux qui ont l'estomac bien accroché!!

Mon premier Sire Cédric, oui, mais certainement pas mon dernier!



Extrait:


" Tu ne vas pas me dire que tu crois au diable?
Elle y réfléchit sérieusement l’espace de quelques instants.
- Pas au diable en tant que divinité, finit-elle par déclarer. Mais je crois que certains humains peuvent être le diable, oui."




mercredi 3 mai 2017

L'affaire Isobel Vine de Tony Cavanaugh: Le nouveau Olsen est Australien!




Le pitch:


Pour n’importe quel passant, les rues, les places, les jardins de Melbourne possèdent un charme certain. Pour Darian Richards, chacun de ces lieux évoque une planque, un trafic de drogue, un drame, un suicide, un meurtre. Lassé de voir son existence ainsi définie par le crime, et uniquement par le crime, il a décidé, après seize ans à la tête de la brigade des homicides, de passer à autre chose. Une vie solitaire, plus contemplative.

Il accepte néanmoins de sortir de sa retraite par amitié pour le chef de la police qui lui demande de disculper son futur successeur, en proie à des rumeurs relatives à une ancienne affaire : en 1990, après une fête donnée chez elle, on a retrouvé le corps sans vie de la jeune Isobel Vine. Suicide, accident, meurtre ? L’enquête fut d’autant plus délicate que quatre jeunes flics participaient à cette soirée. Elle fut classée sans suite, mais le doute persiste sur ce qui s’est réellement passé.
Reprendre des investigations vingt-cinq ans après les faits n’est jamais une partie de plaisir, surtout quand l’affaire concerne de près la police. Les obstacles ne manquent pas. C’est sans compter sur le caractère obstiné, rebelle et indiscipliné de Darian Richards et sur sa fâcheuse habitude à porter davantage d’attention et de respect aux morts qu’aux vivants. L’enquête rythmée de nombreux rebondissements va peu à peu l’amener aux frontières du bien et du mal, de la vérité et du mensonge, et Richards y perdra peut-être ses dernières illusions.

Une description rarement vue des rouages policiers. Une ville, Melbourne, personnage à part entière du roman. Une intrigue captivante. Et un antihéros plein de blessures intimes, misanthrope et obstiné, que l’on a envie de retrouver à peine la dernière page tournée.





Mon avis:


Comme ce fut mon premier roman de Cavanaugh, je n'ai pas eu autant de chance de connaître les personnages principaux que ceux qui sont familiers avec la série, mais j'ai adoré ce que j'ai vu. 

Darien est authentique, intègre, bourré d'humour et très pragmatique, il a aussi des réflexions profondes sur la criminalité, la loyauté, l'appartenance... et c'était un bonheur de partager ses pensées. 
J'ai aussi beaucoup apprécié le personnage de sa coéquipière Maria Chastain. Je ne connais pas leur histoire, mais leur duo est juste génial.

Nous apprenons rapidement que Darian s'est éloigné du travail parce qu'il était éreinté, fatigué de donner des promesses qu'il ne peut pas toujours tenir aux familles des victimes, fatigué de la descente aux enfer qu'est chaque enquête criminelle, par la désillusion et la déception en l'homme. 
C'était vraiment intéressant de le voire décrire Melbourne à travers les crimes qui ont sévit dans ses rues, ces passages-là étaient d'une beauté et d'une intensité émotionnelle époustouflante.

L'intrigue elle-même était bien ficelée; un bon rythme soutenu sans être distrait par des trous ou des grosses ficelles invraisemblables, mais rien de transcendant non plus. 
On reprend l'enquête vingt-cinq ans après, on réinterroge les témoins, on passe au peigne fin les rapports des policiers, des légistes etc. Ce n'est pas sans rappeler les romans de Jussi-Adler Olsen avec son département V. Si vous êtes adeptes de "cold-case" vous serez comblés! 

Quant à la plume de l'auteur, rien à dire, efficace par moments, presque lyrique en d'autres, une polyphonie bien maîtrisée quoique j'ai d'abord été légèrement déboussolée par les changements de perspectives, le lecteur n'étant pas informé. Mais cela devient bientôt évident lorsque nous ne sommes plus dans l'esprit de Darian, ce qui montre un vrai développement des différents personnages.

J'ai appris plus tard que Cavanaugh est également un scénariste et un producteur, ce qui était évident dans son style très "visuel" -j'ai envie de dire cinématographique- et sa description des lieux. On a vraiment l'impression d'être "là"!

Vous ne serez pas surpris d'apprendre que je n'étais pas très satisfaite avec la fin, mais pas parce que ça manquait de crédibilité, au contraire, c'est juste que je deviens très exigeante je pense!




Verdict:


Avec des personnages hauts en couleur et un scénario très crédible, ce polar qui est le quatrième opus de la série mais peut parfaitement se lire comme un one-shot est une réussite à mon avis.
Le polar Australien est désormais en pleine forme!



Citation:


"J'ai abattu - même si exécuté serait peut-être un terme plus approprié - un certain nombre d'hommes en mon temps, et ils méritaient tous une mort prématurée, non parce que j'étais déterminé à me venger ou à faire justice, mais pour mettre un terme à leur capacité à anéantir la vie des autres. Je n'ai aucun regret, et comme je ne crois ni en Dieu ni en l'enfer, je dors sur mes deux oreilles."