mercredi 14 juin 2017

L'Homme-Feu de JOE HILL: un roman Brûlant!

Titre original: The Fireman
Maison d'édition: JC Lattès
Parution: 07/06/2017
700 pages
      

J'ai lu ce roman à sa sortie en VO (the Fireman) et c'est avec un plaisir renouvelé que j'ai relu la version française fournie par JC Lattès. Le fils de Stephen King frappe fort cette fois!


Quatrième de couverture:



Personne ne sait exactement quand et où cela a commencé.
Sur le corps des hommes et des femmes de magnifiques tatouages apparaissent et brûlent plus ou moins violemment les individus qui les portent… Boston, Détroit, Seattle… sont frappés. Il n’existe pas d’antidote.
Harper est une infirmière merveilleusement bienveillante. Le même jour, elle découvre qu’elle est enceinte et qu’elle est touchée par le virus. Paniqué son mari fuit.
Et dans ce monde en ruines où des micros sociétés se créent et des milices d’exterminations traquent les malades, Harper va rencontrer l’Homme-feu capable de contrôler le feu intérieur qui consume les humains. Ensemble, ils vont tenter de sauver une société terrorisée où chacun est prêt au pire pour tenter de survivre.
Une fresque aussi profonde que fascinante sur l’homme face à ses peurs vertigineuses et à sa puissance de vie.




Mon avis:


      La fin du monde est une des thématiques les plus récurrentes dans la littérature de genre, il y en a pour tous les goûts, un astéroïde géant, une invasion extraterrestre, un virus, les zombies (effet walking dead)...
Le divertissement étant dans le passage du pré-désastre d'ici aux horreurs de là-bas. Mais beaucoup de ces histoires portent un message "clandestin". Les contes de fin du monde n'existent pas seulement pour titiller et faire peur, mais pour porter un noyau de perspective avec le fun. 
L'effondrement de la civilisation est un des mécanismes préférés pour les écrivains qui veulent jeter la lumière sur les tréfonds de la nature humaine

Joe Hill est sorti des sentiers battus et a choisi un moyen ingénieux pour apporter sa vision apocalyptique. Draco incendia trychophyton est une spore aux propriétés inhabituelles. Des hiéroglyphes en noir parsemé de doré apparaissent sur la peau des personnes contaminés, qui ne tardent pas à s'embraser aléatoirement et spontanément sans aucun moyen de contrôler le feu. Cette affliction est appelée "écaille de dragon" et personne ne sait comment elle se transmet ni comment s'en protéger.

Harper Grayson, une infirmière scolaire, est une jeune femme simple et sans histoires. Elle est dévouée, gentille et ferme avec ses patients, son idole est Mary Poppins, elle mène une vie normale avec son époux Jakob jusqu'à l'avènement de la pandémie. Harper, motivée par son grand cœur et son envie d'aider se porte volontaire pour s'occuper des patients mis en quarantaine dans l’hôpital du coin (après la fermeture inévitable de l'école), où elle vit l'horreur au quotidien, le feu n'épargne personne et se fout des précautions médicales.

Harper et Jakob s'étaient promis de se tuer à l'apparition des premiers signes de la maladie plutôt que de se laisser brûler vifs. Mais quand elle a découvert sa grossesse, l'apparition des signes noirs et dorés sur sa peau devient un défi pas une peine de mort. Elle a vu des mères malades donner naissance à des bébés sains et elle espérait en faire partie. Malheureusement son mari avait d'autres plans et la pauvre se trouve traquée sans merci au plein milieu de l'horreur!

L'homme-feu du titre est John Rookwood. Sa première rencontre avec Harper était quand l’hôpital où elle travaillait s'est effondré. Il l'a sauvée de son mari et l'a emmenée vers un camps de survivants, où elle va découvrir que le l'écaille de dragon peut ne pas être une malédiction! John peut contrôler le feu des gens contaminés et maîtrise sa propre maladie! 

Ce livre peut avoir au moins deux degrés de lecture. En surface, c'est une aventure sci-fi/horreur palpitante, un page-turner excitant et effrayant. 
Harper est un personnage très attachant. Une femme enceinte fuyant des forces obscures, essayant au même temps de comprendre sa maladie et son sauveur. Une femme qui incarne la joie et la positivité dans cette ambiance glauque et désolante. Ajoutons à ça John, l'allié mystérieux et plein de pouvoirs et de secrets, des bons, des méchants, et plusieurs "entre les deux". Beaucoup d'action et une riche atmosphère, et le tour est joué.

Ceci dit, il y a plus. Ce n'est pas juste une catastrophe dans laquelle un groupe de survivants trouve un modus vivendi pratique dans l'ombre de l'horreur mondiale. 
Joe Hill ne cherche pas seulement à faire peur à ses lecteurs. Il veut offrir quelque chose de plus substantiel. L'homme-feu livre ce que la littérature "spéculative" a de meilleur: un regard dans la réalité contemporaine à travers une lentille de fantastique. 
On trouve une critique du fanatisme, du pouvoir des cultes, de l'hypocrisie des dirigeants, une guerre entre le bien et le mal avec une vision loin d'être manichéenne. Ce n'est pas sans rappeler le cultissime "Fléau" de Stephen King, en moins épique et plus brûlant.

Un roman qui vaut certainement le détour! Et si Joe Hill prépare une suite, et bien je serai preneuse!


Extraits:

"Bien souvent notre séjour sur terre est trop bref. Des gens vivent démunis, certains fuient la guerre et la famine. Une épidémie ici, une inondation là. Mais l'être humain a toujours trouvé la force de chanter. Le nouveau-né s'arrête de geindre lorsqu'il entend une mélodie agréable. Chanter, c'est donner de l'eau aux assoiffés, c'est avoir un geste tendre, c'est briller. La meilleure preuve de votre utilité en ce monde réside dans les modulations de votre voix et dans votre manière d'étinceler pour autrui. Les ignorants tombent et tomberont au cœur du brasier. [...]
L'égoïsme est un dangereux combustible. Quand vous accueillez celui qui a froid sous votre couverture, vous vous réchauffez tous les deux. Quand vous soignez le malade avec vos médicaments, sa guérison panse vos plaies. Un type beaucoup plus intelligent que moi a prétendu que l'enfer, c'était les autres. J'ajouterais pour ma part que l'enfer, c'est refuser par cupidité l'essentiel au nécessiteux. Ne perdez pas votre âme. Chérissez votre prochain ou bien vous marcherez sur les cendres, une allumette à la main."

"Les bourreaux trouvent toujours un moyen de justifier la monstruosité de leurs actes. Un petit massacre ici, une minuscule torture là. Ce qui était immoral en temps normal devenait moral en période de crise."




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