mardi 21 mars 2017

SNJÓR de Ragnar Jonasson: Un huis-clos Islandais glaçant!



Attachez vos ceintures! Préparez vos gants et vos bonnets, je vous emmène au nord de l'Islande avec le digne successeur de Indridason! 



Quatrième de couverture:

Snjór. La neige, en islandais. 
Celle qui tombe sans discontinuer sur la ville la plus au nord de l’Islande, Siglufjördur. Un village de pêcheurs auquel on ne peut accéder que par un tunnel étroit, creusé à même la montagne. Ari Thór, qui vient de terminer l’école de police à Reykjavik, y est envoyé pour sa première affectation. Sa fiancée refuse de le suivre dans ce trou paumé. 
Siglufjördur, la ville où il ne se passe rien, où personne ne ferme jamais sa porte à clef. Mais voilà : une jeune femme est retrouvée morte, à moitié nue dans la neige ; un vieil écrivain renommé fait une chute mortelle dans le théâtre local... Ari Thor se retrouve plongé au cœur d'une petite communauté où chacun tient l’autre par ses mensonges et ses secrets. Une avalanche et des tempêtes de neiges incessantes ferment temporairement l’accès du tunnel. La nuit polaire ne réserve plus une seule minute de jour… Un effroyable sentiment de claustrophobie submerge peu à peu Ari, que viennent également tourmenter des résurgences de son passé. L’étau se resserre autour du policier, aveuglé par la neige et les faux-semblants, sombrant dans sa propre noirceur.



Mon avis:

Snjór est le premier opus de la tétralogie Dark Iceland de la nouvelle star montante du polar Islandais Ragnar Jonasson rendu accessible aux lecteurs francophones grâce aux éditions de La Martinière Noir.

Le livre se lit comme un whodunnit à l'ancienne avec une mise en place particulière. 

Il raconte l'histoire d'Ari Thor, un policier nouvellement diplômé, qui accepte un poste de travail dans la petite communauté nordique de Siglufjörður, laissant derrière lui non seulement la ville, mais aussi sa petite amie, et s'immergeant dans un climat claustrophobe et littéralement glaçant...


L'emplacement de Siglufjörður (carré rouge) sur la carte de l'Islande

Siglufjörður est une petite ville de pêche avec des familles qui habitent là depuis des générations donc naturellement où tout le monde sait tout de tout le monde. Dès son arrivé, Ari est étiqueté "outsider", rejoignant ce qui est une très petite présence policière dans la ville.

"Depuis son arrivée, il avait éprouvé par tous les pores de sa peau l'impression d'être un nouveau venu dans un lieu étrange. Personne ne l'approchait, et pourtant, tout le monde savait qui il était – tout le monde savait qui était tout le monde dans cette ville repliée sur elle même. Au club de sport ou à la piscine, personne ne venait lui parler. Il croisait souvent des regards interrogateurs, qui jaugeaient cette nouvelle recrue de la police locale."

Le corps d'une femme se trouve dans la neige. Un halo de sang rouge se glissant dans la blancheur froide, elle a l'air d'avoir été soigneusement placée là. Un auteur âgé et très célèbre a également trouvé la mort dans un théâtre de la société dramatique locale. 

Ces événements sont-ils liés? 

Ce qui suit est un récit assez lent avec des indices qui font peu à peu surface à mesure que l'histoire se déroule. Presque tous les personnages présents se voient donner un background ce qui confère à l'histoire une profondeur réaliste ; et la ville elle-même prend tellement le devant de la scène que nous recevons une vraie sensation du froid, de l'éloignement et de la beauté pure de Siglufjörður

Il était très intéressant d'apprendre qu'en dehors de sa carrière d'avocat, Ragnar Jonasson avait déjà traduit un tas de romans d'Agatha Christie en islandais. L'influence de Christie est palpable autant sur le scénario que sur le style d'écriture, et ce n'est pas exagéré de dire que l'apprenti rend un bel hommage au maître avec ce roman très réussi.

En utilisant les frontières claustrophobes de cette petite communauté à Siglufjörður, et son relative inaccessibilité en raison de l'emplacement et des intempéries, Jonasson crée habilement un véritable huis-clos, avec un nombre limité de suspects (encore du Agatha Christie) nous défiant d'essayer d'identifier le ou les Coupable(s) nous-mêmes! Et par le biais d'une série de "tours" dans le récit, tout n'est pas tel qu'il apparaît, confondant non seulement Ari Thor, mais aussi l'humble lecteur le long du chemin. 
Un whodunnit qui frappe fort, tout en cachant habilement le comment et le pourquoi jusqu'aux dernières pages!

L'auteur étant familier avec le cadre isolé de ce livre (les parents de Jonasson viennent de Siglufjörður), l'atmosphère sombre et froide due à l'hiver rigoureux est fortement travaillée. 

"Il ne trouverait pas la sérénité en se promenant dans les rues, les yeux tournés vers le ciel, l’esprit empli de neige. Chaque flocon lui donnerait l’impression d’être enfoui dessous, bloqué dans cet étrange lieu. Prisonnier."

J'étais d'ailleurs si intriguée par l'endroit que je me suis retrouvée à chercher des photos de la ville sur internet pour pouvoir visualiser les montagnes et les lacs. Étourdissant!!!

Siglufjörður l'hiver

Siglufjörður le printemps


Le livre est lent par moments, mais étant une adepte du polar nordique j'ai beaucoup aimé ce rythme langoureux d'autant plus que la dernière partie du livre est très rapide et très chargée de révélations! 

D'une certaine façon on retrouve avec plaisir la familiarité bien aimée d'une bon vieux policier "classique" quoi que original dans le fond, une familiarité éclipsée par toute la psychologie sombre des thrillers contemporains de ces dernières années!

Bref, vous l'avez deviné, j'ai beaucoup apprécié Snjór, et j'ai également développé un faible pour Ari Thor dont je suivrai certainement les péripéties dans Mörk (le deuxième opus) fraîchement paru chez les éditions de La Martinière Noir.

A recommander à tous les adeptes de polar nordique, de Agatha Christie ou de la bonne littérature à suspens sans prise de tête!






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