dimanche 12 février 2017

Canicule de Jane Harper: Un thriller torride qui débarque de l'Australie




Quatrième de couverture:

Kiewarra. Petite communauté rurale du sud-est de l'Australie. Écrasée par le soleil, terrassée par une sécheresse sans précédent. Sa poussière. Son bétail émacié. Ses fermiers désespérés. Désespérés au point de tuer femme et enfant, et de retourner l'arme contre soi-même ? C'est ce qui est arrivé à Luke Hadler, et Aaron Falk, son ami d'enfance, n'a aucune raison d'en douter. S'il n'y avait pas ces quelques mots arrivés par la poste : Luke a menti.
Tu as menti. Sois présent aux funérailles. Revenir à Kiewarra est la dernière chose dont Aaron a envie. Trop vives sont encore les blessures de son départ précipité des années auparavant. Trop dangereux le secret qu'il a gardé pendant tout ce temps. Mais Aaron a une dette, et quelqu'un a décidé que le moment est venu de la payer...




Mon avis:


Un thriller Australien ça vous dit? Et un "debut novel" (premier roman)? Je vois d'ici vos mines sceptiques mais..que dites-vous d'une canicule littéraire en plein hiver? Comme ça fait du bien!!!! Vous ne le croyez pas? continuez de lire...

La première chose qui m'a subjuguée dans ce roman est la maîtrise affichée par Jane Harper, alors que les premiers romans se caractérisent généralement par l'hésitation et le "tâtonnement" l'auteure domine son sujet et contrôle le rythme. 
La construction est irréprochable, le style est prenant, les personnages sont "crédibles", les dialogues bien sentis, les rebondissements bien dosées...

Mention spéciale pour la scène d'ouverture qui est juste inoubliable, le prologue majestueux annonce le ton et dirige toute notre attention vers l'histoire qui suit.

Les événements se déroulent au sein d'une petite communauté rurale australienne où le soleil de plomb a asséché autant les sols que les âmes, et où une horrible tuerie familiale fait resurgir les vendettas oubliés et les secrets bien terrés.

Luke et Aaron ont un secret! Un secret datant de leur adolescence et qui refait surface sous la plus terribles des forme: la mort de Luke et de toute sa famille. 
Alors que tout désigne Luke, le père de famille, d'avoir massacré sa femme et son aîné (n’épargnant que la petite Charlotte âgée de quelques mois) avant de se suicider, son ami d'enfance Aaron Falk et un flic local reprennent l'enquête. 
Mais tout cela a t-il un rapport avec la mort de leur amie Ellie il y a plusieurs dizaines d'années ? Ce roman mêle avec succès deux enquêtes, deux mystères qui pourrissent sous la terre sèche de ce coin perdu.

Alors que vous pouvez deviner correctement le "whodunnit" dans les mystères actuels et passés (en raison d'un nombre limité de personnages à choisir), vous ne devinez probablement pas pourquoi.  

Ne vous attendez pas à un rythme effréné ou les suspects se bousculent et les révélations renversent. Jane Harper construit son récit en contenant la combustion jusqu'au bord de l'embrasement. J'ai adoré la façon dont elle a choisi de démêler lentement l'intrigue et sa façon d'augmenter la tension près de la fin où on reste carrément on apnée, le final étant tout aussi surprenant qu'émouvant.

Quant au milieu, je n'ai trouvé aucun artifice dans la description de cet environnement aride et impitoyable, pas d'épanchement ni de phrases farfelues,  et c'est une des nombreuses qualités du roman. 

Ce thriller vous offre un dépaysement garanti et un moment de lecture très agréable! Une belle immersion dans la chaleur torride australienne! Et la manière dont l'auteure a jonglé entre passé et présent, dévoilant les secrets longtemps cachés, instillant le doute de manière intelligente, est juste impressionnante.

Rien de très original sans doute, mais ça prouve qu'on peut faire du thriller sans trop de prises de tête, sans héros alcooliques ou paumés et même sans scènes particulièrement glauques.


Bref, Jane Harper est une auteur qu'il faut suivre de près, de très près je vous dis!




Extrait: Prologue


"À la ferme, la mort n’était pas une étrangère. Quant aux mouches à viande, elles n’étaient pas regardantes et ne faisaient guère la différence entre une charogne et un cadavre humain.La sécheresse, cet été-là, n’avait laissé que l’embarras du choix aux mouches, qui s’affairaient en quête d’yeux vides et de blessures poisseuses tandis que les fermiers de Kiewarra Bridge pointaient leurs fusils sur le bétail étique. Pas de pluie, pas de fourrage. Et l’absence de fourrage obligeait à des décisions difficiles, alors que la bourgade miroitait depuis des jours et des jours sous l’ardeur d’un ciel uniformément bleu.[...]
En tout cas, cela faisait le bonheur des mouches bleues. Même si les trouvailles fraîches étaient inhabituelles ce jour-là. Plus petites, et à la chair plus lisse. Mais quelle importance ? Elles étaient comme les autres pour l’essentiel : yeux vitreux, plaies sanguinolentes. Le cadavre de la clairière était le plus frais. Il fallut un peu plus de temps aux mouches pour découvrir les deux autres, à l’intérieur du corps de ferme, alors même que la porte d’entrée battait comme une invite. Celles qui s’aventurèrent après la trouvaille initiale, dans le couloir, furent récompensées par l’autre, dans la chambre à coucher cette fois. Celle-ci était plus petite, mais la concurrence était nettement moindre. Arrivées les premières sur les lieux, les mouches grouillaient joyeusement dans la touffeur tandis que le sang s’écoulait en flaques noires sur les tomettes et le tapis.

Dehors, le linge pendait immobile sur sa corde, desséché et raidi par le soleil. Un tricycle d’enfant gisait, abandonné, sur le chemin dallé menant à la maison. Seul un cœur humain battait encore dans un rayon de un kilomètre alentour.C’est pourquoi il n’y eut aucune réaction quand, au fond de la demeure, le bébé se mit à pleurer."





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