jeudi 9 février 2017

Cet été-là: Le thriller tant attendu tient ses promesses!



Merci aux éditions Sonatine de m'avoir permis de découvrir ce roman avant sa sortie


Quatrième de couverture:


Tout ce qu’on a su de cette soirée-là, c’est que Katie Mackey, 9 ans, était partie à la bibliothèque pour rendre des livres et qu’elle n’était pas rentrée chez elle. Puis peu à peu cette disparition a bouleversé la vie bien tranquille de cette petite ville de l’Indiana, elle a fait la une des journaux nationaux, la police a mené l’enquête, recueilli des dizaines de témoignages, mais personne n’a jamais su ce qui était arrivé à Kathy.
Que s’est-il réellement passé cet été là ?
Trente ans après, quelques-uns des protagonistes se souviennent.
Le frère de Katie, son professeur, la veuve d’un homme soupçonné du kidnapping, quelques voisins, tous prennent la parole, évoquent leurs souvenirs. Des secrets émergent, les langues se délient.
Qui a dit la vérité, qui a menti, et aujourd’hui encore, qui manipule qui ?
 Avec ce magnifique roman polyphonique, littéralement habité par le désir et la perte, Lee Martin nous entraîne dans la résolution d’un crime à travers une exploration profonde et déchirante de la nature humaine.


Mon Avis:


Attention! les fans de Thomas H. Cook et de l'affaire Harry Québert vont adorer!

S'il faut résumer ce roman dans un seul mot ça sera: REGRET! une vraie contemplation réfléchie sur la nature du regret, mais aussi un page-turner qu'on ne peut lâcher une fois entamé.

S'il est des romans qui brillent d'emblée par le style de l'écriture, Cet été-là en fait certainement partie. Ce qu'on pourrait prendre à tord pour de la préciosité s'avère être un soin exceptionnel apporté à la narration, sans fioritures et sans artifices.
Ce roman triste mais envoûtant hantera vos pensées des jours après l'avoir terminé.

Katie Mackey, une charmante jeune fille de neuf ans, originaire d'une famille très respectée et aisée, a disparu. L'histoire est racontée par divers locuteurs, tous habitants de la ville et tous en rapport d'une façon ou d'une autre avec cette disparition.

La vie dans cette petite ville insignifiante de l'Indiana, au cours d'un été chaud au début des années 70 est dépeinte dans ses détails les plus anodins. La disparité des conditions de vie entre riches et démunis est clairement révélée au lecteur dès le début. Certains passages relèvent même d'une vraie critique sociale car le village est scindé en deux parties, une où résident les "bourgeois" notamment le père de Katie, propriétaire de la verrerie qui est la plus grande industrie de la ville; et l'autre où habitent le reste de la population, pour la plupart ouvriers et fonctionnaires dont Mr Dee le professeur qui donne des cours particuliers à Katie, Claire la concierge sans enfants et son deuxième époux l'étrange Raymond R.

Avec une prose sans effort, l'auteur crée un monde stratifié de personnages crédibles que le lecteur vient à la fois à craindre et à aimer. Et la polyphonie du récit permet à tant de personnages - en particulier M. Dees, Claire, Raymond et Junior (le grand frère de Katie) - de véhiculer les détails de leur quotidien et leur propre sentiment de chagrin, de solitude et surtout de regret. Un des plus grands aboutissements de ce roman étant à mon avis d’emmener le lecteur à s'identifier même au plus suspicieux de ces personnages et cette idiosyncrasie qui permet de réellement cerner l'individu derrière les façades.

L'enquête en elle-même est amenée lentement, les révélations se suivent, les secrets se déterrent et la disparition, qui reste quand même le fil conducteur, accompagne en filigrane tous les aspects de la vie dans ce coin isolé, le tout est couronné par une fin originale qui, loin de me retourner l'estomac, m'a tellement émue.
Oui, dans ce roman, il n'y a pas de bon ou mauvais, pas de recherche désespérée de "sensationnel" non plus! Seulement des nuances et une responsabilité en quelque sorte partagée, avec une vraie réflexion sur la nature humaine, chose très peu commune dans les thrillers!

L'auteur a su créer des chroniques complexes, abordant les compromis et les décisions que les gens sont obligés de faire et la façon dont ils font face à l'isolement et le chagrin. Tout au long de ce roman, Martin a tissé des scènes d'auto-réflexion, de tension et de suspense qui portent le lecteur sans qu'il le sache vers la révélation finale.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, cette panoplie de personnages avec leurs voix diverses et bien différenciées, ce style d'écriture très "littéraire", imagé, recherché et très entraînant! je n'étais pas surprise de savoir que l'auteur était nominé pour le prix Pulitzer; sa plume est vraiment des plus abouties!

Cet été-là est le récit d'un drame à travers les voix de plusieurs protagonistes, mais c'est aussi le portrait d'une époque, et d'une petite ville américaine, avec beaucoup de mélancolie et de nostalgie.

Alors si vous cherchez un roman noir poignant, subtil, sensoriel, n'hésitez plus! Vous allez adorer Cet été-là, un livre qui tient toutes ses promesses!


Mon avis en vidéo:



Extraits:


"Je suis désormais un vieil homme, et même si plus de trente années se sont écoulées, je me rappelle encore cet été et ses secrets, la chaleur et la manière qu’avait la lumière de se prolonger le soir comme si elle n’allait jamais partir. Si vous voulez écouter, vous allez devoir me faire confiance. Sinon, refermez ce livre et retournez à votre vie. Je vous préviens : cette histoire est aussi dure à entendre qu’elle l’est pour moi à raconter."

"Ca se passe ainsi avec les personnes qui sont au bout du malheur. Le tourment monte en eux, leur vie explose, et ils se retrouvent brisés à jamais."

"C’est drôle comme quelqu’un peut arriver et ouvrir votre vie, vous montrer exactement ce qu’il y a à l’intérieur. Moi, j’étais une veuve qui stockait ses larmes en prévision des jours et des nuits solitaires qui, je le craignais, m’attendaient. Mais Ray m’a embrassé la main, et j’ai su que je lui dirais n’importe quoi, que je lui parlerais de Bill et lui raconterais que vers la fin il s’était replié sur lui-même, ruminant à cause de son cœur malade. Nous avions oublié l’amour, oublié ce qui nous avait rapprochés au début. Mais tout m’était revenu le jour où il était tombé par terre."

"Relève la tête, me disait ma mère. Il n'y a rien par terre que tes pieds."






2 commentaires:

  1. Super chronique qui donne envie de lire et de découvrir ce bouquin.

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    1. Ok I am swooning here! Le jour où je parviendrais à écrire une chronique aussi bonne que les tiennes je serai comblée. Merci pour ton passage et pour ton commentaire :)

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